« Pays des Fraises » : une saison estivale perturbée mais des projets

Le temps particulièrement maussade cette année a pénalisé l’activité de cueillette libre de l’exploitation « Au Pays des Fraises » à Huttendorf mais les projets ne manquent pas.
La saison des fraises commence habituellement début avril, tout en étant toujours tributaires de la météo, comme cette année. Ainsi, les plants de fraises n’ont malheureusement pas été épargnés début avril, ils ont été touchés par le gel malgré des voiles de protection qui n’ont pas suffi. En raison du manque de soleil et le trop de pluie, les fruits n’étaient pas très sucrés et ont mis du temps à mûrir. Le temps particulièrement maussade cette année a largement pénalisé l’activité de cueillette libre, parce que très retardée dans le calendrier et parce que les clients, de peur d’être mouillés, sont venus moins nombreux que les autres années…
La saison fraises, framboises se prolonge habituellement jusqu’à la mi-juillet, puis c’est au tour des myrtilles. Les fraises et les framboises reviennent à la mi- août jusqu’aux premières gelées.
L’entreprise fait ses ventes sur six mois, réparties à hauteur de 70 % de fraises, 25 % de framboises et 5 % de myrtilles mais doit néanmoins s’organiser sur l’année, car l’exploitation tourne aussi pendant l’hiver !
Développer des jardins suspendus
« L’avenir de notre activité passera par les cultures dites hors sol, ce qui facilite la cueillette, pour les clients mais aussi pour notre personnel. Ce mode de culture n’influe en rien sur le goût de la fraise, cela ne dépend que du choix variétal ; il permet également de gérer au mieux les apports en eaux et en engrais et de n’utiliser que ce dont le plant a besoin, explique les responsables Agathe et Rosalie Guth. Sans oublier que ce mode de culture nous permet également de réduire considérablement nos besoins en produits phytosanitaires et engrais. Les jardins suspendus comme on les appelle font le bonheur des clients en libre cueillette. Ce mode de culture est sain, le consommateur peut nous faire confiance. »
Mais que les puristes ne s’inquiètent pas, il y aura toujours, sur l’exploitation, des parcelles avec des fruits en pleine terre.
L’enjeu premier pour continuer à se développer à Huttendorf, reste l’accès à l’eau. Même s’il existe bien quelques forages sur le ban du village, il n’y en a qu’un qui fonctionne convenablement et la réserve de récupération des eaux de pluie ne suffit malheureusement pas. L’un des projets des deux sœurs est de créer une retenue collinaire, c’est-à-dire une retenue d’eau conséquente alimentée tout au long de l’année par les pluies.
Mais le plus important pour Rosalie et Agathe finalement, c’est que l’entreprise reste à taille humaine et dans un esprit familial, d’autant plus que la re- lève semble déjà assurée avec les trois petites filles.
Une histoire familiale
En 1972, Jean-Marie Guth, alors âgé de 21 ans, s’installe à la ferme, au 27 rue Principale à Huttendorf. Il démarre par la reprise d’un élevage porcin. Petit à petit, les fraisiers apparaissent sur l’exploitation, la première parcelle est mise en plantation en 1978. Il est le premier à instaurer la libre cueillette dans la région. Avec son épouse Bernadette, ils ont commencé humblement à Huttendorf, mais vue l’ampleur qu’a prise la libre cueillette, ils s’engagent rapidement sur d’autres sites, à Eckwersheim, Vendenheim et Dachstein.
Au départ les fraises étaient cultivées en plein champs, les serres sont apparues début des années 2000. La distribution se fait par la libre cueillette, mais les fraises sont également cueillies et vendues en barquettes. Le fruit phare est naturellement la fraise, mais la framboise a su trouver sa place au fil du temps.
C’est en 2013 que les filles du couple Guth se décident à poser leurs valises à la ferme : Rosalie, après avoir passé 15 années dans l’hôtellerie haut de gamme et Agathe, après un début de carrière dans la finance. Une dizaine de saisonniers se relaient tout au long de l’année ; en haute saison, environ 50 personnes s’activent dans les champs mais aussi une dizaine de vendeurs pour animer les sites de libre cueillette ainsi que les stands de ventes directes.